Autonomie et sélection : carnet de route pour Sylvie Retailleau
Ce 15 septembre, Sylvie Retailleau faisait sa première conférence de presse nationale à l’occasion de la rentrée universitaire. C’était l’occasion pour notre ministre de revenir sur les mesures du mandat précédent et d’annoncer ses objectifs pour le mandat en cours.
Pendant son allocution, la ministre n’a pas dévié des deux axes principaux de réformes de notre gouvernement : sélection et adaptabilité de l’ESR à la demande des entreprises. Sans aucune critique du bilan des mesures de sa prédécesseure, Frédérique Vidal, Parcoursup à été dépeint comme une plateforme fonctionnant à merveille et s’améliorant d’année en année. Bilan étonnant lorsqu’on sait que 94 000 lycéennes et lycéens n’avaient pas validé de vœux en juillet 2022.
Pour ce qui est des mesures, la ministre a d’abord déclaré centrer son allocution sur les étudiantes et étudiants.
Le ministère a trois objectifs clairs : renforcer l’accès en licence, la mise en place de la plateforme de sélection et répartition en master, et enfin la lutte contre la précarité étudiante.
Pour permettre un plus grand accès en licence, les moyens énoncés par la ministre sont assez flous. Celle-ci parle d’un effort particulier sur l’orientation, de renforcer le droit à la reprise d’études. En bref, la plateforme de sélection Parcoursup ne sera pas abrogée.
L’annonce phare de cette allocution était bien évidemment la mise en place dès 2023 d’une plateforme nationale de sélection et d’attribution en Master.
Le rôle de cette plateforme : “seulement” redistribuer les places laissées vacantes après attribution à l’aide d’un guichet national unique. Après la sélection sociale qu’a opérée Parcoursup, en laissant chaque années des milliers d’élèves sur le carreaux, cette nouvelle plateforme ne sonne pas comme un moyen de donner à tous et toutes une place en master. Cette nouvelle plateforme ne réglera en rien le problème du manque de place en master, mais au contraire, permettra une sélection nationale organisée des étudiantes et étudiants souhaitant intégrer un master.
Enfin, la ministre est intervenue sur la précarité étudiante. Celle-ci a annoncé que d’ici octobre, deux dispositifs seront mis en place. D’abord, une Concertation Nationale, avec tous les acteurs de la vie étudiante sur la réforme des bourses universitaires. Ensuite, à un échelon plus local, seront organisées des concertations régionales pour aborder les questions liées à la vie étudiante (logement, restauration, culture, sport…). Ici encore, dans l’urgence que devrait inspirer la précarité des étudiant.e.s, aucune mesure de fond n’est prise, et la question est éludée par des concertations. À l’image de tant d’autres mesures de ce genre, ces échanges n’auront qu’un but : montrer l’intérêt mensonger du gouvernement face à la détresse des étudiantes et étudiants, sans mener de réelles réformes du système.
Sylvie Retailleau a donc annoncé un projet dans la continuité de sa prédécesseure : mettre en place la sélection à l’ESR à tous les échelons, sans pour autant mener de réformes fortes sur l’orientation des étudiantes et pour l’amélioration de leur condition de vie. Quand le coût de la vie étudiante a augmenté de 7,38% cette rentrée 2022, et que la crise de l’énergie nous annonce un hiver difficile pour l’ensemble des étudiantes et étudiants, la déclaration du ministère frôle l’indécence.
Face à cette incapacité de notre gouvernement à répondre aux besoins des étudiantes et étudiants, l’Union des Étudiant⋅e⋅s Communistes porte des propositions concrètes pour sortir les étudiantes et étudiants de la précarité et ouvrir les portes de l’université à chaque personne qui le souhaite.
Pour cela, nous revendiquons :
- L’instauration d’un revenu étudiant financé par les cotisations sociales
- L’investissement massif dans l’ESR
- Le recrutement massif de personnels éducatifs et administratifs
- La fin de la sélection et de l’autonomie des universités