Collectif national de l’UEC 10 octobre : résolution d’actualité
Sélection, dégradation des formations et précarité : une année universitaire qui s’annonce comme la précédente !
Alors que le distanciel était devenu la norme durant 2 ans au sein de l’enseignement supérieur, renforçant une fracture économique et sociale parmi les étudiants et les étudiantes, les cours ont enfin repris en présentiel cette année.
Lors de sa conférence de presse, la ministre de l’enseignement supérieur et à la recherche a tiré un bilan positif de la rentrée et des actions menées par le gouvernement. Pourtant, les inégalités dans l’enseignement supérieur et la recherche persistent. Le décrochage à l’université, la dégradation des formations et la précarité étudiante sont toujours à l’œuvre et plongent dans l’incertitude nombre d’étudiants et d’étudiantes.
Une impréparation palpable – La sélection à tour de bras !
La rentrée à 100% en présentiel annoncée par la ministre de l’enseignement supérieur n’a pas été réalisée. Du fait de l’autonomie des universités, nombre d’entre elles ont fait le choix de maintenir des cours magistraux ainsi que des travaux dirigés en distanciel.
Face à l’augmentation importante des effectifs étudiants du fait de la croissance démographique, il leur est opposé un manque de places, de personnels et d’infrastructures. Dans ces conditions, la qualité de la formation ne peut être que dégradée.
La progression de la population étudiante à cette rentrée ne doit pas cacher le fléau touchant l’enseignement supérieur: celui de la sélection, dont les louanges ont été dressées par Frédérique Vidal.
La ministre se félicite des résultats de Parcoursup. Pourtant, Parcoursup, plateforme mise en place depuis plusieurs années maintenant, ne cesse de recaler un nombre toujours plus important de jeunes désireux de suivre une formation dans l’enseignement supérieur. Cette sélection à l’entrée de l’université touche majoritairement les classes populaires. La sélection quand elle ne les laisse pas sur le carreau, pousse nombre d’étudiants et d’étudiantes à suivre des cursus qu’ils n’ont pas choisi, dans des universités qu’ils n’ont pas choisies.
La sélection explique en partie le décrochage d’un sixième des étudiantes et des étudiants l’année dernière. De plus, la sélection imposée à l’entrée du Master 1 et du master 2 laisse un grand nombre d’étudiants et d’étudiantes sans perspective. Ceux-ci ne pouvant poursuivre leur cursus universitaire. La ministre fait l’éloge des 34 000 places BTS, licences et masters confondues créés à cette rentrée, force est de constater que ce n’est pas suffisant au vu du nombre de jeunes n’ayant pu accéder à une formation cette année.
En outre, la réforme de la PACES visant à supprimer le numerus clausus se trouve totalement inadaptée. En effet, la sélection dans cette branche de formation reste bien présente et tout redoublement se trouve désormais interdit. Par conséquent, nombre d’étudiants et d’étudiantes ne pouvant redoubler s’orientent vers d’autres filières, telle que la psychologie, augmentant ainsi le nombre d’étudiants dans ces filières déjà engorgées.
A cette rentrée, aucun plan de rattrapage n’a été mis en place pour rattraper le retard accumulé cette année, aucune formation n’a été proposée aux étudiants et étudiantes en décrochage l’année dernière.
Aussi, bien peu de mesures ont été prises pour lutter contre la propagation du virus, si bien que l’on pourrait croire qu’aucune leçon n’a pu être tirée de ces dernières années. Pis encore, la Ministre de l’Enseignement supérieur affirme ne pas exclure un retour des cours en distanciel durant cette année.
Face à cela, nous ne pouvons que constater l’impréparation palpable des universités pour cette rentrée 2021. Cette impréparation et le manque d’ambition pour l’enseignement supérieur et la recherche pèsent sur la situation des étudiants et étudiantes, que ce soit par la dégradation de la qualité des formations, ou bien par le risque de voir de nouveau ressurgir le spectre du distanciel.
Une précarité omniprésente
De même qu’aucune réponse concrète n’ait été apportée face à la détérioration des conditions d’études et à l’afflux toujours plus important d’étudiants, la précarité étudiante demeure un frein à la poursuite d’études.
Durant ces dernières années, cette précarité a explosé au sein de l’enseignement supérieur. Pour rappel, les demandes d’aides au CROUS ont augmenté de 37%, le décrochage a explosé, touchant 1 étudiant sur 6, cette précarité se faisait également ressentir dans le bien-être des étudiants.
Si les cours ont pu reprendre en présentiel cette année, la précarité n’a pas pour autant disparu et le coût de la vie étudiante ne cesse d’augmenter. Cette année, nous comptons une augmentation de 8% du coût de la vie étudiante, alors que dans le même temps les ressources des étudiants se trouvent fortement baissées.
A l’instar de la reprise des cours, aucune leçon n’a été tirée en matière de précarité et aucune mesure supplémentaire n’a été prise pour l’endiguer et permettre à chaque jeune de poursuivre ses études.
Ainsi, les CROUS restent sous dotés en moyens, tant personnels que financiers, et restent par conséquent inefficaces pour mettre fin à la précarité étudiante. La promesse du Gouvernement de construire 60 000 logements étudiants au cours du quinquennat de Macron n’a pas été réalisée. En juin 2021 seuls 16000 logements ont été construits. Frédérique Vidal elle-même juge que “le problème n’a pas été suffisamment anticipé”. Par conséquent, des milliers d’étudiants et d’étudiantes se retrouvent sans logement étudiant cette année.
Aussi, au-delà de la construction de logements étudiants, ceux existants ne sont que très peu rénovés. Cela fait peser une double charge sur les étudiants et étudiantes y vivant. Non seulement leurs conditions de vie se trouvent dégradées, mais un coût supplémentaire vient alourdir les étudiants devant payer les charges liées au logement de leurs poches. Cela est d’autant plus grave que le coût de l’énergie ne cesse d’augmenter en France.
Si des mesures ont pu être arrachées suite à la mobilisation des étudiants et des étudiantes durant le début de la crise (chèque psy, repas CROUS à 1€, etc.), le gouvernement a jugé bon d’en limiter les effets. Ainsi, les non-boursiers ne peuvent plus bénéficier des repas CROUS à 1€ à partir de la rentrée 2021, ce qui représente près de 6 étudiants sur 10.
Il est plus que nécessaire de se mobiliser afin de permettre à chacun et chacune d’accéder à une formation de qualité et de proximité sur tout le territoire, de développer un service public du CROUS de qualité pour les étudiants et les étudiantes. En ce sens, l’UEC doit être force de proposition sur les lieux d’enseignement supérieur et dans les cités universitaires.
C’est par la mise en place d’un militantisme de terrain, au plus proche des étudiants et étudiantes, que nous pourrons porter nos revendications propres à l’ESR, tel que le revenu étudiant. Il est par conséquent nécessaire d’être présent sur l’ensemble des lieux d’enseignement supérieur, comme les universités ou encore les Cités-U afin de nous structurer efficacement. Ce militantisme de terrain se fera en parallèle des assises étudiantes, qui nous permettront également de nous structurer et de porter nos propositions à une part non négligeable d’étudiants et d’étudiantes. Enfin, il ne faut pas oublier les temps électoraux qui arrivent courant 2022, qui sont autant de moments nous permettant de militer et de mobiliser les étudiants et étudiantes sur la question de l’enseignement supérieur.