Les étudiants et les étudiantes ne paieront pas la crise ! Résolution adoptée par le collectif national de l’UEC, le 7 février 2021 !
Alors que le second semestre commence dans les universités du pays, la situation des étudiants et des étudiantes est plus que préoccupante. La politique de casse de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche de puis une vingtaine d’années a mis en lumière l’incapacité du Gouvernement à faire face à la crise sanitaire et à fournir aux étudiants et aux étudiantes un accès égal à de bonnes conditions d’études. Et alors que le décrochage universitaire et la précarité étudiante explosent, le Gouvernement plutôt que d’apporter une solution d’envergure aux 2.7 millions d’étudiants et d’étudiantes de France, préfère faire passer d’une façon scabreuse de nouvelles lois sur l’Enseignement Supérieur et la Recherche qui brisent toujours plus ce service public !
Dans ce contexte inédit pour les étudiants et les étudiantes, le rôle de l’UEC est d’une importance forte, “une seule étincelle peut allumer un feu de prairie” il est alors temps que notre organisation soit cette étincelle !
Le Gouvernement s’enfonce dans la casse de l’Enseignement Supérieur et la Recherche
Le 17 novembre 2020, en plein confinement, le Gouvernement fait adopter la loi dite de programmation de la recherche, et ce malgré l’opposition de la communauté universitaire.
Il s’agit d’un projet libéral de marchandisation de l’Enseignement Supérieur et la Recherche, favorisant la précarité et les intérêts de la bourgeoisie dans ce service public. Pour rappel, la loi accentue le recrutement sous contrats précaires (CDI de projets, chaires juniors, contrats doctoraux de droits privés) en lieu et place des statuts jusqu’alors protégés des maîtres et maîtresses de conférences, mais aussi un recrutement localisé des enseignants et enseignantes renforçant la fracture entre les universités. Il s’agit également d’une mise avant des appels à projets dans le financement de la recherche au détriment des financements pérennes des laboratoires. Le renforcement du rôle du privé dans ce financement par projet va mettre en danger la liberté de la recherche scientifique en fléchant les thématiques des chercheurs, laissant de côté des pans entiers parce que ne répondant pas aux intérêts privés.
La dérive sécuritaire du gouvernement s’est également exprimée dans ce texte par l’ajout d’un amendement visant à criminaliser le militantisme sur les sites universitaires. Bien que cet ajout de dernière minute ait été retoqué par le Conseil Constitutionnel, cette tentative de criminalisation des mouvements étudiants et de l’organisation politique à l’Université doit nous obliger à entreprendre une lutte pour la démocratie universitaire !
Cette loi se situe dans la continuité de la casse de l’Enseignement Supérieur et la Recherche de ces dernières années. La précarisation de la formation et de la recherche aura, et a déjà, des répercussions non seulement sur les travailleurs et travailleuses des universités mais aussi pour les étudiants et étudiantes qui, de facto, verront un nivellement par le bas de leurs formations.
Les étudiants et les étudiantes subissent de plein fouet les effets d’une triple crise : sanitaire, éducative, économique
La fermeture des établissements d’enseignement supérieur en mars 2020 a provoqué une catastrophe pédagogique. Depuis le début de la crise sanitaire, plus d’un·e étudiant·e sur six ont été dans l’obligation d’arrêter leurs études. Les difficultés à suivre les cours en distanciels ainsi que la précarité des revenus a suscité une détresse psychologique pour des milliers d’étudiants et d’étudiantes renforçant ainsi ce phénomène de “décrochage”.
Le passage en numérique des cours a fait ressortir une forte inégalité entre les étudiants et les étudiantes quant à l’accès à du matériel numérique et à une connexion internet de qualité. Aujourd’hui, seulement 10% des étudiantes et des étudiants peuvent suivre leurs cours correctement et le taux de connexion est passé de 60% à 30% soit une division par deux de la présence étudiante en cours à distance depuis le début de la crise.
Au délà de ça, l’impréparation du Gouvernement quant à l’organisation de la première session d’examens risque de provoquer un fort taux d’échec et d’accentuer d’autant plus ce phénomène de décrochage.
Il est évident que la crise sanitaire a accentué la précarité étudiante mais elle n’en n’est pas la première responsable. En 10 ans, le coût de la vie étudiante a augmenté de 27% et sur l’année 2020 c’est une hausse de 3,9% du coût de la vie étudiante qui a été observée, le premier poste de dépense étant le logement. Avant la crise, près d’un quart des étudiants et des étudiantes vivaient déjà sous le seuil de pauvreté et la moitié était déjà dans l’obligation de se salarier pour financer leurs études. Le salariat étudiant ne permet pas de s’y consacrer pleinement aux études et constitue la première source d’échec dans les études supérieures.
Avec la crise, les demandes d’aides d’urgence faites auprès du Crous ont explosées de 40%, de même que le nombre d’étudiants et d’étudiantes étant dans l’obligation de se tourner vers des organismes d’aide alimentaire. Ceci s’explique par le fait qu’entre 20% et 25% d’étudiants et d’étudiantes ont perdu leur job étudiant, estival ou annuel, entraînant une perte de revenu conséquente permettant de subvenir à leurs besoins durant l’année.
Selon les établissements et les formations, les étudiants et les étudiantes ne sont pas logé·e·s à la même enseigne, creusant d’autant plus fortement des inégalités déjà présentes. Cette inégalité dans le suivi des cours est le résultat de la mise en concurrence budgétaire des établissements mise en place ces dernières années. En effet, les étudiants et étudiantes des classes préparatoires aux grandes écoles et de certaines grandes écoles elles-même sont en cours en présentiel, alors que le reste de la population étudiante est abonnée au cours à distance (IUT, université..). De plus, selon les établissements, les étudiants et les étudiantes ont pu avoir accès à des logiciels performants ainsi que du matériel informatique pour suivre leurs cours à distance.
La précarité des formations, l’isolement engendré par la fermeture des établissements d’enseignement supérieur depuis près d’un an, ainsi que la précarité financière ont entraîné une détresse psychologique pour des milliers d’étudiants et d’étudiantes. Les chiffres sont alarmants. 69% des étudiants et des étudiantes s’inquiètent de leur santé mentale, 22% auraient des pensées suicidaires.
Face à l’inaction du Gouvernement qui se détourne d’une partie de sa jeunesse, l’Union des étudiants et des étudiantes communistes a été à l’initiative du rassemblement des organisations étudiantes et de jeunesse. Partout en France, la mobilisation étudiante du 20 janvier dernier initiée par l’UEC a rassemblé des milliers d’étudiants et d’étudiantes et a fortement été médiatisée.
Le Président de la République, au lendemain de cette mobilisation a été dans l’obligation de faire des annonces, à savoir la mise en place de mesures sur demande concernant la précarité étudiante, la détresse psychologique et la reprise des cours en présentiel dans les IUT et les Universités : extension des repas Crous à 1€ à l’ensemble des étudiants et des étudiantes et ce deux fois par jour, ainsi qu’un retour en présentiel une fois par semaine et la mise en place de chèques psy.
Si ces avancées constituent des premières victoires, ces mesures demeurent insuffisantes voire inapplicables. Sur la reprise des cours aucun moyen supplémentaire ni aucune directive claire n’ont été fourni aux universités, qui restent encore une fois dans le flou, tout comme les étudiants et les étudiantes.
Sur les repas à 1€, la moitié des CROUS sont fermés, l’ensemble des sites universitaires ne disposent pas de CROUS et le manque de moyens entraîne des inégalités quant aux repas distribués selon les académies. Pire encore, ces repas ne sont pas le fruit d’un réinvestissement dans les services du CROUS mais sont financés par la CVEC, c’est-à-dire par les étudiants et les étudiantes.
La mise en place de chèques Psy pour répondre à l’urgence de la situation est insuffisante. En effet, même si cela permet à des milliers d’étudiants et d’étudiantes d’avoir accès à un suivi, cette mesure ne s’attaque pas aux causes de cette crise psychologique, à savoir la dégradation des formations, l’isolement, la précarité et l’absence de perspective d’avenir. De plus, les étudiants et les étudiantes ne peuvent bénéficier de ces chèques seulement après avoir pu consulter un médecin, alors même que près d’1⁄3 d’entre elles et eux renoncent aux soins en raison de leur situation de précarité. Plutôt que de renforcer la médecine universitaire et les services sociaux du CROUS, le Gouvernement préfère apporter une fois de plus une réponse libérale à la situation.
La mobilisation, poursuivie le 26 janvier et le 4 février a montré une réelle volonté politique des étudiantes et des étudiants de s’organiser pour leur droit à étudier dans de bonnes conditions et à vivre dignement .
Il est nécessaire de continuer à lutter toujours plus pour :
- Un plan de lutte contre la précarité étudiante avec la mise en place d’un revenu étudiant au dessus du seuil de pauvreté et financé par les cotisations sociales pour sécuriser nos formations
- Un investissement massif dans les services du CROUS (restaurant universitaires, services sociaux, cités-universitaires)
- Des moyens ambitieux pour renforcer la médecine universitaire via l’embauche notamment de professionnels.
- Des moyens exceptionnels dans l’ESR, via notamment l’embauche de personnels éducatifs et leur titularisation, la construction de nouveaux locaux, la mise en place d’un protocole sanitaire strict pour assurer un retour en présentiel des étudiants et des étudiantes dans l’ensemble des établissements mais également rattraper le retard accumulé.
- Un investissement massif dans l’enseignement supérieur et la recherche pour en finir avec la libéralisation de l’enseignement supérieur de ces dernières années, ayant entraîné une dégradation de nos formations, un engorgement des établissements, et la sélection aux portes de l’enseignement supérieur et entre les niveaux.
Les étudiants et les étudiantes refusent d’être la Génération sacrifiée. Nous comptons bien faire entendre notre voix, c’est pourquoi l’UEC se donne comme objectif une mobilisation d’ampleur dans le courant du mois de Mars.
La force étudiante est de retour !
Pour répondre à cette exigence, l’UEC constitue un moyen d’organiser ces jeunes et d’offrir des débouchés politiques au-delà de la seule réouverture des établissements d’enseignement supérieurs.
Depuis notre ANA 2020, la branche étudiante du MJCF a pu entrer dans la lutte concrète et comme disait Lénine “Là où il y a une volonté, il y a un chemin.” Partout en France nous nous renforçons, les mobilisations de ces dernières semaines se sont traduites par de nombreuses adhésions dans de multiples secteurs. Le renforcement de notre organisation passe également par notre ambition de structuration en cités-universitaires, qui doivent être au cœur de notre stratégie d’implantation à venir, dans l’objectif de répondre à notre volonté d’être au plus proche de la réalité des étudiants et étudiantes afin de les organiser.
Et malgré la fermeture des universités nous pourrons quand même tenir notre Semaine de la Pensée Marxiste; du 15 au 21 février et ce partout en France, avec notamment la tenue d’événements en ligne. Face à la précarité de nos formations et de nos revenus, face à un avenir de plus en plus incertain nous voulons une sécurisation de nos formations et de nos parcours de vie, il s’agit là du thème de notre Semaine de la Pensée Marxiste.
Une conférence nationale en ligne sera organisée à destination de l’ensemble des étudiants et étudiantes de France le jeudi 18 février à 18h30, en direct de la page Facebook de l’UEC . Cette conférence intitulée “Sécuriser les jeunes – leur formation, leur emploi : l’analyse et les propositions des communistes” aura pour intervenant Frédéric Boccara, économiste et membre du Conseil national du Parti Communiste Français, Jeanne Péchon Secrétaire Nationale de l’UEC et Léon Deffontaines, Secrétaire Général du MJCF.
Il est temps de bâtir une UEC non comme une force d’appoint mais une force centrale pour les étudiants et les étudiantes !