Mon Master ou le début d’une nouvelle année de tri social

Aujourd’hui s’est ouvert la phase de dépôt des candidatures sur la plateforme Mon Master. Pour la troisième année consécutive, la plateforme va centraliser les candidatures des étudiants qui souhaitent entrer en première année de master sur le modèle de Parcoursup. 

Son objectif est de “simplifier la vie” des étudiants avec une plateforme “plus fonctionnelle” mais surtout de “pallier la pénurie des places dans l’enseignement supérieur”. En réalité, il s’agit d’une organisation qui exacerbe les inégalités en opérant un tri scolaire et social. 

En 2024, 29% des étudiants n’avaient reçu aucune proposition d’admission. Entre l’instauration de Mon Master en 2021 et 2024, le nombre de saisines de rectorats a augmenté de 129 % fautes de réponses positives pour des étudiants qui avaient bel et bien validé leur licence. Loin des promesses, Mon Master brise des projets d’orientation.

Plutôt que d’investir dans l’Enseignement supérieur en donnant aux universités les moyens d’ouvrir autant de places que nécessaire, le gouvernement préfère renforcer la sélection des étudiants. Pour tenter d’augmenter leur chance d’être acceptés dans un master, ces derniers multiplient les candidatures. Cette mise en concurrence accrue des étudiants sur le marché de l’enseignement supérieur a fortement dégradé la capacité des établissements à évaluer les dossiers des candidats, toujours plus nombreux.

Pour faire le tri parmi ces très nombreuses candidatures, chaque responsable de master fixe les critères d’admission comme il l’entend. Si ce sont des éléments comme les notes ou la motivation qui sont censés être pris en compte, la réalité montre que des facteurs socio-économiques influencent bien trop souvent la décision. 

Ainsi, les jeunes issus de milieux plus modestes, contraints de travailler en parallèle de leurs études, sont désavantagés, car cette nécessité peut être perçue comme un frein à leur réussite académique. Cette fracture sociale est observable puisqu’en 2022 on trouvait 31,9% d’enfants d’ouvriers en licence et uniquement 21,5% en master. 

Loin de faciliter l’accès aux études supérieures, Mon Master contribue à renforcer les inégalités sociales et géographiques.