Nous vous croyons, et nous sommes à vos côtés

De nombreuses femmes ont témoigné ces dernières semaines dans la presse des violences sexuelles et sexistes qu’elles ont subi au sein du mouvement communiste. Elles ont décidé de ne plus se taire, de braver les pressions et de dénoncer un réseau masculiniste sévissant dans nos rangs. Le dernier article, paru en une de l’Humanité hier soir, retransmet les témoignages de plusieurs camarades, dont Léa Tytéca et Mathilde Beuscher, s’exprimant à visage découvert. Nous saluons leur courage et regrettons qu’elles aient dû s’exposer publiquement pour faire entendre leurs viols et leurs revendications pour mettre fin aux violences sexuelles et sexistes.

Les étudiant.e.s communistes affirment un soutien sans faille aux camarades victimes d’agressions ou de viols, à celles qui ont brisé l’omerta comme à celles qui n’ont pas pu le faire. Nous vous croyons, et nous sommes à vos côtés.

Loin d’être seulement traversées par le patriarcat, nos organisations et les rapports de pouvoir qui y sont à l’œuvre favorisent les violences de genre. Elles ont en effet un rôle politique spécifique au sein d’une organisation politique : détruire le potentiel révolutionnaire des femmes en aliénant leur corps, en les isolant, et en leur faisant porter la responsabilité des violences qu’elles ont subi. En tant que féministes, nous devons mettre en place les moyens nécessaires pour les combattre jusqu’à leur disparition. Cela nécessite dans un premier temps d’écouter, croire, soutenir, humainement comme matériellement, les personnes victimes de violences, ainsi que de les accompagner si elles le souhaitent pour obtenir une aide psychologique et/ou juridique.

Comme l’affirme le texte du 42e Congrès du MJCF, “l’adhésion au MJCF est traversée par une contradiction insupportable : une personne qui vient ici pour en finir avec l’exploitation et toutes les violences qu’elle suppose peut s’exposer à subir elle-même des violences. Nos cadres d’organisation à l’heure actuelle ne sont pas en mesure de dépasser cette contradiction. Il faut combattre les rapports hiérarchiques, les remettre en question, pour en finir avec les violences sexistes et sexuelles qu’ils encouragent et permettent.”. Il y a donc un impératif humain et politique à repenser en profondeur la structuration de nos organisations et nos modes de fonctionnement démocratique, pour que les rapports de pouvoir et nos fonctionnements ne favorisent plus les violences sexistes et sexuelles ainsi que les réseaux de solidarité masculinistes. Cela nécessite aussi une politique de cadres féministe pour mettre en responsabilité des jeunes femmes.

La prise de tribune au congrès du MJCF comme les dénonciations publiques sur les réseaux sociaux sont intervenues du fait de l’épuisement de tous les moyens dont les victimes disposaient. C’est dans ce cadre qu’a été votée la mise en place d’un dispositif semblable à celui du PCF. Une commission chargée de traiter les cas d’agressions sexuelles et de viols au sein du mouvement  sera donc constituée à l’occasion de la prochaine réunion du conseil national du MJCF le 9 mars prochain. Cependant, les dénonciations, nombreuses, qui ont déjà été effectuées, ne peuvent être réduites à néant. La commission ne peut être mise en place et effectuer une enquête interne neutre si elle est menée par des personnes mises en cause.

Les organisations politiques ne remplacent en aucun cas la justice. Le rôle de nos procédures est différent. Elles doivent servir à préserver nos camarades en permettant aux femmes de prendre toute la place qui est la leur dans nos organisations, à l’aune de nos convictions féministes, et en favorisant un principe de précaution. Il ne s’agit pas d’une infraction à la présomption d’innocence, car notre rôle n’est pas de garantir un procès équitable contrairement à la justice, et qu’une personne mise en cause ne risque pas la prison au sein de nos organisations, mais simplement d’être démise de ses responsabilités ou de sa qualité d’adhérent.e.

Comme le soulignent les associations féministes, seule une femme sur 100 obtient justice. Seul 1 homme accusé de viol sur 100 finit condamné. Nous dénonçons les biais patriarcaux et les manques de moyens de la justice, nous nous mobilisons pour la faire évoluer et nous ne devons alors pas conditionner la protection des victimes de violences sexuelles et sexistes au sein de nos organisations à un dépôt de plainte de leur part.

Alors, sans se prononcer sur une décision relevant de la justice, nous devons, comme peuvent le faire toutes les associations et les entreprises, sanctionner en interne jusqu’à l’exclusion à travers la commission dédiée, des adhérent.e.s qui porteraient atteinte aux valeurs fondamentales que nous défendons. Il est salutaire que la parole se libère, pour les femmes qui témoignent comme pour les organisations communistes. Cette parole doit être écoutée et prise en compte. Les jeunes et les étudiant.e.s de notre pays méritent une organisation féministe et communiste dans les mots comme dans les actes, à même de révolutionner les rapports sociaux, à même de mettre en échec le patriarcat et le capitalisme. Il est temps de nous en donner les moyens !

 

Pour contacter le dispositif Stop Violences du PCF : stopviolences@pcf.fr