Une attaque de plus du régime contre l’enseignement supérieur en Turquie
Après avoir procédé à des purges importantes dans les instances judiciaires, avoir arrêté et emprisonné nombre d’opposants politiques, avoir défait ou dissous les moyens d’expression contestataires et avoir placé ses partisans aux hautes fonctions de l’armée, Recep Tayyip Erdogan ne pouvait se permettre de laisser libre les étudiants et étudiantes de Turquie.
Cela fait maintenant plusieurs semaines qu’il a décidé de renforcer sa mainmise politique et d’étendre son influence sur l’université du Bosphore, en nommant lui-même un recteur à sa solde. Malgré son règne de terreur et les conséquences connues de toutes et tous pour ses opposants, nombre d’étudiants et étudiantes se mobilisent encore aujourd’hui contre cette mise sous tutelle de leur université.
La répression est brutale de la part des forces de l’ordre, qui ont ce lundi arrêté 159 étudiants.
L’usage disproportionné de la police s’explique aussi par la crainte du pouvoir de revivre les importantes émeutes de Gezi de 2013, car si les mobilisations se sont lancées autour d’une thématique précise, la colère des étudiants et des étudiantes va plus loin et conteste le régime autoritaire et conservateur d’Erdogan, seul régime que cette génération a connu
Cette répression est d’autant plus forte contre les personnes LGBT. Certains et certaines ont été récemment arrêtées et subiront une double peine avec la venue de ce nouveau recteur, relai de l’idéologie d’un gouvernement islamo-conservateur. Erdogan a, sur le sujet, profité de l’occasion pour sortir les propos homophobes suivants : « Nous allons mener vers l’avenir non pas une jeunesse LGBT mais une jeunesse digne de l’histoire glorieuse de cette nation », montrant la continuité de la dérive réactionnaire de son gouvernement, et de sa volonté de mener le combat contre l’égalité.
Sa haine et son mépris, l’usage disproportionné des forces de polices, les arrestations massives et ses multiples menaces et vociférations n’ont cependant pas découragé les étudiants et étudiantes mobilisées, ayant encore des raisons supplémentaires de s’opposer à son régime et à son autoritarisme inflexible.
Depuis les émeutes de Gezi de 2013, le régime a mis en place un arsenal dans l’objectif de réprimer toute autre contestation populaire, c’est celui-ci qui est à l’œuvre aujourd’hui. La nomination du recteur montre bien la volonté d’Erdogan de renforcer son pouvoir de manière drastique et sa mainmise sur l’ensemble des secteurs de la société. La base sociale d’Erdogan s’effondre, la Turquie fait face à une crise économique et sociale importante ; Erdogan craint que les étudiants et les étudiantes soient à l’avant-garde d’un mouvement de contestation à son régime autoritaire et islamo-conservateur.
Le Collectif National de l’Union des Etudiants et Etudiantes Communistes, réuni le 7 février à Colonel Fabien, apporte tout son soutien et sa solidarité avec les étudiants et les étudiantes mobilisées à Istanbul contre la mise en tutelle de leur université.
Le Collectif National de l’UEC dénonce les arrestations politiques et exige la libération immédiate des 159 étudiants arrêtés lundi 1er février par le régime.